La boîte arts graphiques du musée du Quai Branly – Jacques Chirac nous offre actuellement la chance de découvrir les photographies de Tamoto Kenzô. Cette exposition dévoile le plus ancien reportage photographique sur les Aïnous, population autochtone d’Hokkaido, au nord du Japon.
◆ Itinéraire d’un homme singulier
Né en 1832, Tamoto Kenzo était un photographe japonais de renom. Formé en médecine et chimie, il a cependant décidé de se consacrer à la photographie. Dans ce cadre, il a d’abord répondu aux différentes demandes du bureau de colonisation de la ville d’Hokkaido, puis il a ensuite, en parallèle, entrepris un projet personnel de documentation photographique sur les Aïnous, peuple-racine de l’île, également présents en Russie. Au fil du temps, il a réalisé un grand nombre de portraits des habitants dans leur environnement. Ses photographies témoignent de modes de vie et de pratiques ancestrales à une période où ils étaient particulièrement ébranlés par la politique d’assimilation du gouvernement japonais.
◆ Un des peuples les plus persécutés
On considère que le peuple Aïnous a plus de quinze-mille ans, soit plus que les Égyptiens et les Sumériens ! Il apparait encore aujourd’hui comme l‘un des peuples les plus persécutés de l’Histoire. Sur l’île d’Hokkaido, ce peuple occupait autrefois un territoire très vaste le long du littoral de l’océan Pacifique, comprenant, en plus du Japon actuel, les îles de Sakhaline et celles de Kourites. Actuellement, on considère qu’ils ne sont plus que vingt-cinq-mille aujourd’hui au Japon et seulement quelques dizaines en Russie, où ils ont été rayés de la liste officielle des groupes ethniques en 1979. Les femmes aïnous sont restées célèbres pour leur tatouage, appelé par les occidentaux « le sourire du Joker« … Il était traditionnellement réalisé à l’âge de sept ans et consistait en une incision à la commissure des lèvres avec un couteau cérémoniel, et l’introduction de charbon dans les entailles. Chaque année, des lignes supplémentaires étaient ajoutées et le « sourire » se terminait des mains du fiancé le jour du mariage. Aujourd’hui, cet acte a été remplacé par des traits de crayon à maquillage, lors des fêtes et la dernière femme tatouée au couteau est décédée en 1998. Les hommes, eux, se distinguent toujours par une pilosité faciale importante avec de longues moustaches soutenues des baguettes, par exemple.
◆ Un ensemble exceptionnel de photographies
L’année dernière, le musée du Quai Branly – Jacques Chirac a acquis un ensemble prodigieux de photographies de Tamoto Kenzō, prises sur l’île d’Hokkaido entre 1870 et 1889. Une exposition à ne pas manquer puisqu’il existe très peu de témoignages visuels de ce peuple à cette époque…!
« Cela fait partie du travail du photographe de voir plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui quelque chose de la réceptivité de l’enfant qui regarde le monde pour la première fois ou du voyageur qui pénètre dans un pays étrange», Bill Brandt
Photographies des Aïnous de Hokkaïdo (1870-1889) par Tamoto Kenzô, du 18.01 au 02.05.2023, Musée du quai Branly, 37, quai Jacques-Chirac, 75007 Paris
37 quai Jacques Chirac, 75007 Paris (Musée du quai Branly – Jacques Chirac, boite arts graphiques)
Ouvert les mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche – 10h30 à 19h00 – Réservation possible
* Crédit photo en tête d’article : Tamoto Kenzō. Photographies des Aïnous de Hokkaïdo (1870-1889) : un accrochage à découvrir jusqu’au 2 mai 2023 dans la boite arts graphiques du musée du quai Branly @Musée du quai Branly
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