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Japon : Une double allégeance pour les Okinawaïens

Les Okinawaïens vivent au sud-ouest de l’île principale japonaise de Kyūshū et de celle de Taïwan. À l’origine, l’île d’Okinawa a été gouvernée par le royaume de Ryûkyû avant d’être annexée par le Japon en 1879. Suite à cela, l’usage des langues ryūkyūanes a été interdit et des politiques d’assimilation ont été mises en place. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Okinawaïens ont également subi l’occupation américaine pendant plus de vingt ans. Bien que l’île ait été récupérée par le Japon en 1972, celle-ci reste occupée par des milliers de soldats américains en raison de sa place stratégique d’un point de vue géopolitique.



 Double contrôle

Les Ryūkyūans ont eu leur propre royaume entre les années 1400 et la fin des années 1800. Ils ont été l’objet de conflits entre les Chinois et les Japonais jusqu’à ce que ces derniers prennent le contrôle des îles en les annexant. À la fin de la seconde guerre mondiale, ces îles sont devenues le théâtre de combats entre les forces américaines et japonaises. À partir de cette époque, elles sont occupées par les États-Unis, qui conservent le contrôle d’Okinawa jusqu’à sa rétrocession en 1972. Cependant les États-Unis maintiennent depuis une présence massive sur place. Ils possèdent toujours jusqu’à 20 % de l’ensemble des terres et plusieurs bases militaires. 74 % de toutes les bases militaires américaines au Japon sont concentrées à Okinawa qui représente 0,6 % de l’ensemble du territoire japonais. Les espaces occupés par ces bases ont été spoliées par un contrat de location qui a été imposé aux autochtones par des lois, mais aussi par les agriculteurs et propriétaires fonciers qui ont reçu des indemnités du gouvernement japonais. De leur côté, les autorités japonaises refusent toujours de considérer les Okinawaïens comme des peuples autochtones à part entière. Le peuple d’Okinawa a été même qualifié par les Nations Unies de « minorité nationale autochtone ». Les sondages montrent que la majorité des habitants d’Okinawa estiment que la concentration des bases militaires dans la préfecture est injuste. De plus, une entente juridique entre le Japon et les États-Unis protège le personnel militaire américain en exemptant les lois locales et permettant la pollution sans conséquences. Cette situation crée un sentiment de contrôle par les États-Unis sur Okinawa, en plus de l’influence politique et médiatique exercée par les intérêts américains au Japon.



©Pixabay


Résistance

L’activiste Rob Kajiwara défend fermement l’indépendance d’Okinawa comme la seule solution pour la démilitariser. Cependant, cette idée ne fait pas l’unanimité parmi les Okinawaïens. Certains autres activistes estiment que l’indépendance est impossible en raison de la dépendance de l’île envers le Japon et de la menace croissante de la Chine. Un sondage de 2017 indique que seulement 2,6 % des répondants étaient en faveur d’une indépendance totale, bien que 34,5 % souhaitaient une plus grande autonomie. Afin de sensibiliser la communauté internationale, Rob a mis l’accent sur la démilitarisation tout en reconnaissant la division parmi les militants sur la question de l’indépendance. Certains soutiennent l’indépendance, tandis que d’autres se concentrent sur la démilitarisation. Malgré ces divergences, l’objectif commun est la démilitarisationRob continue de chercher le soutien international pour son mouvement d’indépendance, qui, selon lui, pourrait remédier à la situation actuelle. Il défend fermement l’indépendance d’Okinawa comme la seule solution pour la démilitariser. En 2018, il a même créé la Peace for Okinawa Coalition pour promouvoir la culture okinawaïenne et l’indépendance de l’île. Il souhaite plus que tout mobiliser la jeune génération en faveur de sa cause et pour cela, il a constaté qu’il devait utiliser la langue japonaise, même si elle avait été imposée de manière coloniale, ce qui le désole.




« La patience et le pardon sont au cœur du succès d’un guerrier, ils contribuent à engendrer les intervalles d’espace et de temps nécessaires pour évaluer les rencontres difficiles », Soke Behzad Ahmadi, Lethal Okinawan Karate


Jessica Baucher



* Crédit photo en tête d’article : ©Carte de la Grande Ryukyu (Okinawa) sous la dynastie Qing. (Crédits : The « Forbidden City » Magazine, domaine public, via Wikimedia Commons)



Pour aller plus loin :
vidéo de présentation de Peace for Okinawa
Les îles Ryukiu
Le compte Twitter de Rob Kajiwara
Danse traditionnelle Ryukyu

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