L’Unesco joue un rôle clé dans la promotion de la liberté d’expression et de l’accès à l’information, particulièrement pour les peuples autochtones. En soutenant des initiatives visant à améliorer leur représentation dans les médias, l’organisation œuvre pour que leurs voix soient mieux entendues et respectées à l’échelle mondiale. Ce soutien inclut la formation de journalistes autochtones, l’utilisation de technologies numériques pour la production de contenus et la collaboration avec les médias traditionnels afin de garantir une couverture.
◆ Le rôle des médias autochtones
L’UNPFII (Instance permanente sur les questions autochtones) a chargé l’Unesco de conduire une étude sur les peuples autochtones et les médias en partenariat avec les entités des Nations Unies, les organisations autochtones, les organisations de médias et la société civile, et de présenter les résultats de cette étude lors de sa session annuelle en 2025. Pour préparer cette étude, l’Unesco a organisé deux réunions consultatives en 2023, visant à créer un environnement favorable aux médias communautaires autochtones libres et indépendants. L’UNPFII avait déjà souligné, à cette occasion, la nécessité d’examiner les politiques et financements relatifs aux médias autochtones. L’Instance permanente recommande cette fois de réexaminer les politiques nationales concernant les médias autochtones, en mettant l’accent sur le renforcement des capacités, la production de contenus dans les langues autochtones et la promotion de la coopération internationale. Elle souligne l’importance de l’implication des femmes autochtones dans les médias, et encourage la collaboration entre les médias autochtones, les médias traditionnels et les pouvoirs publics.
Les médias sont des acteurs majeurs dans l’inclusion des peuples autochtones, ils favorisent la diversité d’opinion et la coexistence pacifique. L’article 16 de l’UNDRIP , qui s’appuie sur la Déclaration universelle des droits de l’homme, reconnaît leur droit à des médias dans leur propre langue, sans discrimination. Les médias autochtones, d’abord communautaires, sont aujourd’hui un secteur en pleine expansion grâce aux technologies. Ils contribuent au débat démocratique et à la société. Les grands médias s’intéressent de plus en plus aux questions autochtones et produisent des contenus dans leurs langues. Il est essentiel de renforcer les partenariats entre les médias traditionnels et autochtones. Les États doivent soutenir des politiques et des financements pour développer ces médias.
Des instruments normatifs internationaux, des résolutions et des recommandations soulignent la reconnaissance des médias autochtones et favorisent la coopération avec les médias commerciaux et publics. Ils encouragent les États à revoir leurs politiques et financements pour soutenir le développement des médias autochtones. L’Unesco est appelée à jouer un rôle de leader dans cette initiative, en guidant les efforts pour promouvoir une meilleure représentation et inclusion des peuples autochtones dans l’écosystème médiatique mondial.
◆ Sur le terrain
Depuis 2007, l’Unesco à Phnom Penh, Cambodge, organise des formations sur les projets de médias communautaires et de radiophonie en langues autochtones. L’organisation a fourni des équipements radio et formé de jeunes producteurs autochtones pour créer des programmes diffusés quotidiennement dans les langues Kreung, Tompon, Jarai et Brao. Ces initiatives visent à renforcer la présence des langues autochtones dans les médias locaux et à promouvoir leur diversité culturelle.
Depuis 2018, l’Unesco au Mexique, en partenariat avec diverses organisations, a soutenu les peuples autochtones dans la création et la gestion de leurs médias communautaires, en respectant les normes légales et techniques. Des initiatives ont également été mises en place pour favoriser l’intégration des contenus autochtones dans les médias publics et privés, tout en encourageant l’élaboration de politiques publiques en faveur des médias autochtones. Ce travail vise à renforcer les capacités locales tout en facilitant la collaboration intersectorielle.
En 2022, le bureau de l’Unesco à Katmandou a élaboré des lignes directrices pour les reportages respectueux des peuples autochtones et organisé des ateliers de formation pour les médias, y compris ceux gérés par des communautés autochtones. L’organisation a aussi réalisé une enquête auprès de cent stations de radio communautaires népalaises, mettant en lumière l’utilisation des langues indigènes dans les émissions et la composition du personnel. Cette initiative a renforcé la collaboration entre les organisations médiatiques du pays.
En 2023, l’Unesco à Yangon (plus grande ville du Myanmar – ex-Birmanie) a lancé une boîte à outils destinée aux journalistes locaux, axée sur le reportage culturel et ethnique. Ce guide propose des conseils pratiques pour promouvoir la paix et l’unité nationale à travers les médias. Il comprend quatre points essentiels : la situation ethno-culturelle et médiatique, l’importance du reportage ethnique, les bonnes pratiques à adopter et des idées d’articles avec des exemples concrets. L’objectif est d’encourager une couverture sensible et respectueuse des divers groupes ethniques.
En 2024, l’Unesco à New Delhi, en collaboration avec le Ministère de l’information et Prasar Bharati, a organisé un atelier à Shillong pour former une quinzaine de stations de radio communautaires et de radios publiques. L’accent a été mis sur l’importance des médias communautaires pour promouvoir les langues indigènes. Les participants ont renforcé leurs compétences en production de contenu inclusif et de programmation sur des sujets comme la santé, l’éducation et l’agriculture, en utilisant des émissions radiophoniques dans les langues locales.
« Il n’y a pas de libération possible sans culture, et il n’y a pas de culture possible sans la liberté de la pensée », Aimé Césaire
Jessica Baucher avec L’Unesco
* Crédit photo en tête d’article : ©Pixabay
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