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Brésil : Un membre d’une tribu isolée interagit avec des habitants avant de retourner dans la forêt


Un jeune membre d’une tribu non-contactée est apparu dans une communauté au cœur de l’Amazonie brésilienne, suscitant inquiétudes et interrogations. Si la rencontre a fait le tour des réseaux sociaux, elle révèle surtout l’urgence de protéger ces peuples vulnérables face à l’accaparement de leurs terres et à l’exploitation illégale de leurs ressources. Plusieurs spécialistes alertent sur les risques sanitaires et environnementaux menaçant leur survie.


Rencontre

Selon les témoignages et une vidéo devenue virale, l’homme, vêtu d’un pagne et portant deux bûches de bois sous ses bras, est apparu visiblement perdu devant des habitants. Ces derniers ont pensé qu’il cherchait à allumer un feu et lui ont montré comment utiliser un briquet, tout en filmant la scène. Il y a eu quelques échanges de rires, mais la situation est loin d’être anodine. Peu après ce bref contact, des professionnels de santé dépêchés par la Fondation nationale des peuples indigènes (Funai) se sont rendus sur place pour s’assurer qu’il n’avait pas été exposé à des pathologies contre lesquelles lui et son peuple ne sont pas immunisés. Seulement vingt-quatre heures après le premier contact, il a finalement été raccompagné auprès des siens, sans certitudes réelles sur son état de santé.

D’après des experts travaillant dans cette partie de l’Amazonie, cet événement met en lumière la pression intense qu’exercent les personnes s’accaparant les terres et exploitant les ressources forestières de cette région. Ce jeune homme appartient au groupe d’Autochtones non contactés de Mamoriá Grande et est apparu dans une colonie occupée par des collecteurs de noix du Brésil et d’autres produits de la forêt. Il est retourné dans la forêt le lendemain.


De nombreux enjeux
Les tribus isolées d’Amazonie vivent loin de toute civilisation moderne et cherchent à éviter le contact avec le monde extérieur. Ce type de rencontre soulève de nombreuses questions, notamment sur la santé et la sécurité des populations autochtones. Ces groupes sont vulnérables aux maladies extérieures, n’ayant pas d’immunité contre des virus courants. Lila Akal, chargée de relations publiques de Survival France, rappelle qu’à cause du paludisme ou d’infections respiratoires telles que le rhume ou la grippe, des peuples ont déjà été rayés de la carte suite à un simple contact. L’ONG cite l’exemple tragique des Ayoreo-Totobiegosode du Paraguay, récemment contactés et décimés par une épidémie de tuberculose. En décembre dernier, la Funai a finalement émis une ordonnance de protection temporaire des terres pour ce territoire, après des décennies de signalements sur la présence du groupe. Cependant, ce territoire ne bénéficie toujours pas d’une démarcation officielle et certains politiciens locaux remettent en cause cette mesure.



©Pixabay


Un signal d’alerte ?
Ce type d’apparition peut aussi être interprété comme un signal d’alarme sur les menaces croissantes qui pèsent sur les tribus isolées. La déforestation, l’exploitation illégale des ressources naturelles et les incursions de trafiquants de bois ou de mineurs illégaux mettent en péril leur environnement et leur mode de vie. Dans la région de Mamoriá Grande, la forêt subit une pression croissante du fait d’activités illégales de chasse et de pêche et d’accaparements de terres.
Zé Bajaga Apurinã, coordinateur de l’organisation autochtone locale FOCIMP, a déclaré : « Cela fait longtemps que nous demandons à ce que ce territoire soit protégé. Ils ont décidé d’une protection temporaire, mais cela ne résout rien. La démarcation est la véritable solution. Ces personnes n’ont nul autre endroit où aller. Des gens envahissent les terres, prélèvent les richesses qui s’y trouvent, abattent des arbres, pêchent, chassent, prennent tout ce qu’il y a. Elles étouffent, sont en danger. Nous devons immédiatement mettre en place un cordon sanitaire et démarquer ce territoire de toute urgence ».



Un avenir incertain
Daniel Luis Dalberto, procureur général, a souligné que le risque de génocide ou d’extermination de ces peuples est très élevé. Présent dans la zone, il a témoigné à l’agence brésilienne Publica : « J’ai vu de mes propres yeux les risques auxquels ces peuples sont exposés. Le risque de génocide ou d’extermination, même involontaire, est très élevé ». Carlos Travassos, ancien directeur de l’unité en charge des peuples non contactés à la Funai, a ajouté que certaines parties de la région ne bénéficient d’aucune protection légale et souffrent d’une forte spéculation foncière. Survival International a récemment émis un communiqué mentionnant la vulnérabilité du territoire et de ses habitants. Caroline Pearce, directrice de Survival International au Royaume-Uni, a souligné que : « Cette évolution alarmante montre à quel point il est urgent que ce territoire, comme tous les territoires autochtones, soit correctement démarqué et protégé. L’accaparement des terres ne fait aujourd’hui que s’intensifier ».



La protection des tribus isolées reste un défi majeur. Cette rencontre fortuite rappelle l’importance cruciale de la conservation des forêts tropicales et du respect des peuples autochtones qui y vivent depuis des siècles…




Jessica Baucher avec Survival International


* Crédit photo en tête d’article : ©Pixabay

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