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Un grand adieu au Petit guerrier …

Alexis Tiouka, farouche défenseur de la culture Kali’na, et grand amoureux de la Guyane, mais aussi éminent expert en droit autochtone et ancien représentant élu d’Awala-Yalimapo , nous a quittés le 4 décembre dernier, à l’âge de 64 ans. Son impact demeure profond en tant que fervent défenseur des communautés amérindiennes aux Nations Unies et fondateur de la Fédération des Organisations Amérindiennes de Guyane (FOAG).


◆ Héritier d’une longue Histoire

Le territoire guyanais, exploré par Vincent Pinzon en 1500 après le passage de Christophe Colomb en 1498, a été le théâtre de tentatives de colonisation européenne jusqu’au 17e siècle, souvent infructueuses en raison de la résistance des populations autochtones. Les contacts avec les Européens ont entraîné la disparition de plusieurs peuples amérindiens et une diminution significative de la population restante, principalement dûe aux maladies introduites par les colons. Au 17e siècle, la population amérindienne sur le littoral a diminué de moitié, et un siècle plus tard, seulement 10 % subsistaient. La ruée vers l’or au 19e siècle a touché durement les populations indigènes réduisant drastiquement les Wayana et les Wayãpi. Malgré un renouveau démographique de la seconde moitié du 20e siècle, les Amérindiens font face à des défis tels que la pression des orpailleurs illégaux, la pollution des fleuves par le mercure et l’acculturation résultant de l’éducation forcée en français. Actuellement, les 9 000 Amérindiens en Guyane, répartis en sept groupes, luttent pour leur reconnaissance dans un contexte où ils constituent une minorité parmi d’autres groupes ethniques et populations étrangères. Alexis Tiouka était le petit-frère de Félix Tiouka, représentant amérindien-guyanais du groupe Kali’na et président de l’Association des Amérindiens de Guyane française (AAGF).





◆ Un symbole d’espoir

Parcourant des contrées éloignées au fil de ses divers engagements professionnels en tant qu’urbaniste, pour les villes de Papaïchton, Camopi, sa commune natale Awala-Yallimapo, l’île de Cayenne et le village Sainte-Rose de Lima, il laisse derrière lui un précieux legs. Au-delà de ses écrits et préfaces, il est à l’origine d’une méthode visant à instaurer la justice et à protéger les droits des peuples opprimés dont les terres ont été spoliées. Il avait une véritable passion pour le tambour créole et avait été initié par un maître du tambour, Réno Cippe. et il avait également acquis, tardivement dans sa vie, une habileté remarquable au jeu de Sanpula. « Il a longtemps œuvré pour la ratification par le gouvernement français de la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), relative aux peuples indigènes et tribaux de 1989. Il était la voix de la communauté amérindienne, au niveau national et international. Sa disparition représente une grande perte pour notre territoire » , a notamment souligné Gabriel Serville. En septembre dernier, dans une tribune publiée dans Le Monde , Alexis avait demandé au président de la France d’intervenir pour garantir que les droits des autochtones soient dûment pris en considération dans un projet de directive européenne. Il était le trait-d’union entre les différentes cultures guyanaises et il continuera par ses mots d’alimenter les réflexions nécessaires pour construire l’avenir de la Guyane. « Il restera, me concernant, une source d’inspiration au quotidien, un sage dont les combats doivent être poursuivis avec beaucoup de ténacité, un puits de connaissances dont les recherches, les écrits et les innombrables ressources qu’il a contribué de mettre au jour devront être valorisés à la hauteur de l’engagement et la combativité qui ont été le fil directeur de son existence », a précisé le député de Guyane, Davy Rimane.




« Les peuples qui ne cultivent pas leurs mémoires ne seront jamais capables de construire leur propre histoire et manqueront d’indépendance et de souveraineté. Ils ne seront pas capables d’interpréter leur passé, d’affronter leur présent et de se projeter dans le futur.  ». Alexis Tiouka


Jessica Baucher


+ Crédit photo en tête d’article : @Pixabay


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