À l’occasion de la 16e conférence des Nations unies sur la biodiversité qui s’est déroulée à Cali du 21 octobre au 1 er novembre, les chefs autochtones des neuf pays qui partagent l’Amazonie, soit le Brésil, la Colombie, le Pérou, la Bolivie, l’Équateur, le Venezuela, le Guyana, la Guyane française et le Suriname, ont uni leurs forces pour défendre la nature qui les entoure en créant le « G9 de l’Amazonie autochtone ». La nouvelle alliance coordonnera les actions ayant pour objectif de défendre l’Amazonie, les peuples autochtones, la biodiversité et le climat mondial. Par le biais d’une « voix unifiée », elle visera à « influencer les décisions mondiales » et à faire pression sur les gouvernements du monde entier pour qu’ils reconnaissent que les groupes autochtones sont les principales autorités morales lorsqu’il s’agit de protéger les écosystèmes, la diversité des espèces et le climat.
◆ Une coalition régionale pour faire pression sur les gouvernements
Les porte-parole autochtones ont expliqué que le G9 est une « coalition régionale […] qui augmentera la pression sur les gouvernements du monde entier pour qu’ils prennent des mesures en faveur du climat ». La nouvelle alliance a également déclaré qu’elle ferait pression sur les gouvernements internationaux pour qu’ils « élaborent un programme commun à présenter à la COP30 », le sommet sur le changement climatique qui se tiendra en novembre 2025 à Belém, au Brésil.
L’alliance des peuples autochtones d’Amazonie a également appelé à la « conservation de la biodiversité » et au respect de leurs droits sur les terres amazoniennes. Ils ont également demandé un « financement direct » pour leur permettre de gérer leurs projets de conservation et de développement durable de manière autonome, conformément à leurs connaissances autochtones et à leurs systèmes de gouvernance. Ils estiment avoir une autorité morale en matière d’écosystèmes et de protection du climat puisqu’ils ont toujours agi pour protéger la nature, bien qu’ils ne reçoivent pas de financement approprié ou qu’ils n’aient pas la possibilité de participer aux discussions internationales sur la protection de l’environnement. Ils affirment que ce fait doit être reconnu par les gouvernements internationaux qui, selon eux, ont échoué à plusieurs reprises à faire face à la crise du climat et de la biodiversité.
Ce G9 intervient à la fin d’une année extraordinairement sèche pour la région amazonienne. La Colombie, par exemple, a connu une sécheresse telle que le niveau d’eau du fleuve Amazone a baissé de 90 % lors de la traversée du pays. Ces défis, et la destruction (incendies, déforestation) de l’Amazonie en général, ont été au cœur des discussions de la COP16, sommet le plus important et le plus fréquenté à ce jour.
Selon les experts, si la déforestation dépasse 20 % de la superficie de l’Amazonie, celle-ci atteindra un point de basculement au-delà duquel sa dégradation sera irréversible. Ils préviennent qu’une action immédiate est nécessaire étant donné que la déforestation est déjà de 17 %. Les plus grandes organisations autochtones du Brésil ont également publié un communiqué dans lequel elles déclarent qu’elles n’autoriseront plus les initiatives pétrolières et gazières sur leurs territoires et qu’elles revendiquent la coprésidence de la COP30.
La coalition plaide également en faveur de la protection des groupes autochtones isolés et récemment contactés, en exhortant les États à respecter un principe de « non-contact » qui protège ces communautés et leurs écosystèmes. « Les peuples indigènes créent un contraste nécessaire avec les dirigeants des États qui continuent à faire trop peu pour l’environnement », a déclaré Marcel Taminato, coordinateur de l’alliance de l’ONG 350.org. « Même sans financement adéquat et avec peu d’espace participatif, les peuples traditionnels font ce qu’il faut pour protéger leurs territoires. C’est un leadership plus que nécessaire sur la route de la COP30 », a-t-il ajouté.
Il n’en demeure pas moins que « les peuples amazoniens continuent de subir des persécutions et des tentatives d’effacement de leur présence », a déclaré l’ONG 350.org.
Brigitte Postel
+ Crédit photo en-tête d’article : ©Pixabay
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