fbpx
©Pixabay

Massaï : la Commission européenne ouvre les yeux sur les violations des droits

La Commission européenne a annulé son projet de financer des initiatives de conservation en Tanzanie à cause de violentes expulsions des Massaï de leurs terres pour des projets de conservation touristique et de chasse aux trophées.



◆ Au commencement…
Les Massaï, originaires de la vallée du Nil, ont migré vers la Tanzanie et le Kenya au XVe siècle. Semi-nomades, organisés en clans patrilinéaires, leur mode de vie traditionnel repose sur l’élevage. L’arrivée des colons européens au XIXe siècle a entraîné des déplacements forcés des Massaï, notamment en raison de la création de plantations et de réserves de chasse. Après l’indépendance dans les années 1960, les Massaï ont continué à être expulsés de leurs terres pour des projets de conservation et de tourisme, souvent sans consultation adéquate. Ils luttent depuis pour maintenir leur mode de vie traditionnel tout en jouant un rôle crucial dans la protection de la biodiversité. Les efforts de conservation en Tanzanie continuent de poser des défis pour les Massaï. Il existe des initiatives visant à concilier la conservation de la biodiversité et les droits des communautés locales, mais la mise en œuvre reste complexe. Les Massaï plaident pour un modèle de conservation qui reconnaît et respecte leur rôle en tant que gardiens de la nature, tout en leur permettant de maintenir leurs pratiques pastorales.

L’histoire des Massaï de Tanzanie est donc marquée par leur résilience face aux pressions extérieures et leur lutte continue pour protéger leurs terres et leur culture.





©Fernando Prado de Pixabay


NaturAfrica
Le projet NaturAfrica est une initiative de l’Union européenne visant à promouvoir la conservation de la biodiversité en Afrique, notamment à travers le soutien financier à des projets de protection des écosystèmes et de développement durable. Lancé dans le cadre de la politique de coopération au développement de l’UE, NaturAfrica vise à la base à combiner la conservation environnementale avec le développement socio-économique des communautés locales. Le projet est normalement conçu pour soutenir des initiatives telles que la création et la gestion de parcs nationaux, la lutte contre le braconnage, la promotion du tourisme durable, et la gestion durable des ressources naturelles. Il comprend des financements substantiels destinés à des projets spécifiques dans plusieurs pays d’Afrique, y compris au Kenya et en Tanzanie. Cependant, ce projet est controversé en raison de son impact sur les communautés locales, notamment les expulsions forcées de terres pour la création de réserves naturelles et d’autres zones de conservation.


En réalité…
C’est dans le cadre de ce projet NaturAfrica que la Commission européenne avait alloué 18 millions d’euros à des projets de conservation au Kenya et en Tanzanie, mais : « les financements seront désormais destinés uniquement au Kenya », précise Survival International. De plus, de nouvelles conditions relatives au respect des droits humains des peuples autochtones et autres communautés locales ont été ajoutées. Les autorités tanzaniennes continuent d’expulser violemment des dizaines de milliers de Massaï au nom de la préservation des terres, malgré plusieurs jugements déclarant l’illégalité de ces actions. Des organisations de conservation influentes comme la Société zoologique de Francfort et le WWF, longtemps partenaires du gouvernement tanzanien pour la protection de la nature, n’ont jamais publiquement désapprouvé ces expulsions. Certaines de ces actions ont même facilité la création de « nouvelles zones de chasse aux trophées pour la famille royale de Dubaï », indique Survival. Caroline Pearce, directrice de Survival International au Royaume-Uni, a déclaré le 10 juin dernier : « La Maasai International Solidarity Alliance (MISA), Survival et de nombreuses autres organisations ont alerté à plusieurs reprises la Commission européenne au sujet de ce projet et de son soutien à la Tanzanie. Enfin, à force de pression, nous avons été entendus. En Afrique de l’Est, c’est tout le modèle de conservation qui est basé sur de brutaux vols de terres autochtones pour créer des Aires protégées, telles que des Parcs Nationaux ou des zones dédiées à la chasse aux trophées. Le WWF et la Société zoologique de Francfort sont complices de ces violations de droits humains. Des safaris touristiques à la toute dernière escroquerie aux crédits carbone, les moyens qu’ont certains étrangers fortunés de tirer profit des terres de peuples autochtones et autres communautés locales ne manquent pas ».




« Au départ, il n’y a que des cœurs purs qui sont blessés, par négligence, dans l’opacité du brouillard qui empêche de voir ; puis des blessures qui croupissent et s’enveniment, faute de remède adéquat ; et finalement des intentions qui, bien qu’étant bonnes à la source, finissent par être distordues, déviées, dévoyées, au point d’être méconnaissables, parfois même jusqu’à l’inversion. », Laurent Huguelit, ext. Mère : L’enseignement spirituel de la forêt amazonienne


Jessica Baucher


* Crédit photo en tête d’article : © Eric Njoroge pour Pixabay


* Pour aller plus loin :
Déclaration de l’Alliance Maasai International Solidarity Alliance (MISA)



Partagez
No Comments

Sorry, the comment form is closed at this time.

C'est Noël !

Un chouette pack pour plus de lecture au coin du feu et un cadeau engagé pour lequel vous participez à diffuser la voix des peuples racines et à préserver la  transmission des sagesses ancestrales !

Pour un abonnement de 1 an, recevez 5 numéros au lieu de 4 !*

Pour un abonnement de 2 ans et plus, le recueil regroupant les trois premiers numéros épuisés est OFFERT (valeur 25€)

Offre valable jusqu'au 31 décembre