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Colombie : les peuples autochtones d’Amazonie remportent une importante victoire pour leur terres

Le 10 juillet, la justice colombienne a annulé un accord de vente de crédits carbone entre deux sociétés et plusieurs communautés amazoniennes du sud-est de la Colombie. Cette décision a été prise en raison de « manœuvres frauduleuses » lors des négociations avec les autochtones. La Cour constitutionnelle exigera désormais que les entreprises consultent les autorités amérindiennes avant de réaliser des projets sur leurs terres. Cette décision est doublement cruciale car les réserves autochtones, importantes pour prévenir la déforestation, sont aussi essentielles dans la lutte contre le réchauffement climatique.



◆ Au commencement…
Les peuples autochtones d’Amazonie, tels que les Yanomami, Kayapo, Ashaninka, et Ticuna, habitent la forêt depuis des millénaires et jouent un rôle crucial dans sa préservation et la régulation du climat mondial grâce à leur connaissance profonde des écosystèmes locaux. Le crédit carbone, lui, permet de compenser les émissions de gaz à effet de serre en achetant des crédits représentant des réductions d’émissions. Les projets REDD+ (acronyme anglais pour « Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement) impliquent souvent les peuples autochtones, car leurs territoires forestiers sont vitaux pour la séquestration du carbone. Cependant, ces projets de crédits carbone sont controversés. Ils nécessitent le consentement libre et informé des communautés indigènes, mais ce processus est parfois manipulé. De plus, les bénéfices ne sont pas toujours équitablement partagés, et certains projets peuvent menacer l’autonomie des peuples autochtones en imposant des restrictions sur l’utilisation de leurs terres.





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Green bonds ou greenwashing ?
Les obligations vertes (green bonds en anglais) sont des instruments financiers destinés à financer des projets ayant des bénéfices environnementaux, tels que la production d’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique, et la conservation de l’eau. Elles attirent des investisseurs soucieux de l’environnement et améliorent la réputation des émetteurs en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Cependant, elles présentent des défis, puisque persiste toujours le risque de greenwashing , des coûts supplémentaires liés à la certification et au reporting, et la difficulté de mesurer l’impact environnemental réel. Les normes et certifications, comme les Green Bond Principles, sont essentielles pour garantir leur crédibilité. Les émetteurs d’obligations vertes sont souvent tenus de fournir des rapports réguliers sur l’utilisation des fonds et les impacts environnementaux des projets financés. Cette transparence aide à garantir que les fonds sont effectivement utilisés à des fins écologiques.



Une victoire !
La Cour constitutionnelle a tranché le 10 juillet en faveur des six communautés indigènes de la forêt tropicale Pirá Paraná, situées dans le département du Vaupés (sud-est). En juin 2022, ces communautés avaient intenté une action en justice contre les entreprises américaines Ruby Canyon Environmental et colombienne Masbosques. Les autochtones reprochaient à ces sociétés d’avoir conclu des accords pour la vente de crédits carbone sur leur territoire avec de faux chefs indigènes. Les deux entreprises avaient également négocié des crédits pour environ 3,8 millions de dollars, qu’elles prétendaient avoir entièrement versé aux communautés concernées. La Cour a alors ordonné aux autorités légitimes de ces villages de se rassembler et de décider, dans un délai de six mois, s’ils souhaitent ou non autoriser un nouvel accord avec les entreprises en question. Si elles refusent, elles devront s’assurer que le projet de crédit carbone, connu sous le nom de « Baka Rokaire », cesse d’être mis en place sur leur territoire. Cette affaire, soumise à la Cour constitutionnelle, est la première de ce genre en Colombie.


Dernière minute….
Nos partenaires de Survival International alertent sur la situation du peuple non-contacté Mashco Piro à la frontière du Pérou et du Brésil.


« Depuis quelques décennies, les peuples d’Amazonie sont entrés en résistance, car ils savent bien que la disparition de la grande forêt serait bien plus qu’une énième catastrophe écologique. Ce serait la grande catastrophe, un Armageddon aux proportions planétaires. La plupart de ces peuples ont côtoyé, de gré ou de force, la culture des colons depuis l’époque des conquêtes, il y a plusieurs siècles de cela. Certains se sont presque complètement acculturés alors que d’autres ont su faire la part des choses en prenant ce qui leur était utile tout en luttant pour préserver leur intégrité. Mais aujourd’hui, tous ces peuples sont solidaires de la même cause, et les non-contactés représentent le cœur de cette âme collective qui résiste envers et contre tout. », Laurent Huguelit, ext. Mère : L’enseignement spirituel de la forêt amazonienne (Mama Éditions)


Jessica Baucher


* Crédit photo en tête d’article : ©Pixabay


* Pour aller plus loin :
Justice climatique : en Colombie, une décision historique contre la déforestation



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