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Amérique latine : les peuples autochtones en première ligne

Au Brésil et au Pérou, les peuples autochtones subissent de plein fouet les conséquences de l’exploitation minière, un phénomène qui s’accélère face à une demande croissante de minerais. Trois activistes autochtones, présents à Paris fin septembre, ont partagé leurs expériences tragiques et dénoncé la destruction de leurs terres et de leurs vies, affirmant que « l’extraction de minerais apparaît plus importante que la vie ». Leur témoignage met en lumière les défis urgents que rencontrent les communautés autochtones face à une industrie qui semble ignorer leurs droits et leur existence même.


◆ Impact de l’exploitation minière sur les terres autochtones
Simão Kaiowa, un activiste du peuple Guajajara, raconte comment son territoire au Brésil est ravagé par une exploitation minière intensive. Ses terres, qui abritent une grande variété de minerais, sont désormais polluées, rendant l’eau du fleuve à proximité dangereuse pour la santé. Il évoque l’angoisse quotidienne de vivre dans un environnement hostile où la menace de violence est omniprésente, exacerbée par des décisions prises sans consultation des communautés locales. Kaiowa souligne l’urgence de la situation en affirmant qu’il ne s’agit pas seulement d’une question environnementale, mais d’une lutte pour la survie de son peuple face à un véritable génocide invisible.





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Conséquences sur la santé et la vie quotidienne
Ytxaha Pantaru, activiste du peuple Pantaru et Pataxó, dépeint un tableau similaire en partageant les impacts dévastateurs de l’exploitation minière sur la santé et les conditions de vie de sa communauté : « Sur mon territoire on ne vit pas, on survit. Je fais partie du peuple Guajajara de Marahão, et nos terres sont impactées par une grande entreprise minière qui a identifié 18 minerais. Tout y est pollué. Dans le fleuve à quelques mètres du village, il y a une très grande concentration d’argent, un minerai majoritairement exploité sur nos terres. Quand on touche l’eau, on peut le voir et même le toucher, mais on continue de se baigner. On est contaminé ». Depuis l’arrivée de la société Sigma Lithium, l’accès à l’eau potable est devenu un problème majeur, et les crises respiratoires se multiplient, touchant particulièrement les enfants. Malgré ses efforts en tant qu’éducatrice et artisane, Pantaru se sent piégée dans une réalité où ses droits sont constamment menacés : « Depuis l’installation de Sigma Lithium, le lithium flotte dans l’air. Les crises respiratoires sont de plus en plus constantes et sévères. J’ai peur pour les enfants, peur pour mon enfant ». Elle s’interroge sur le coût de la transition énergétique, soulignant que les promesses de progrès ne se traduisent que par davantage de souffrances pour les peuples autochtones.



Résistance face à l’invisibilité et à la dévastation
Vito Yaganson Calderón Villanueva, représentant du peuple Aymara, dénonce également la logique extractiviste qui place les communautés autochtones dans une position de sacrifice permanent. Ayant grandi dans une région où les ressources étaient préservées, il a vu son environnement dévasté par des entreprises minières qui ne prennent pas en compte les besoins et les droits des populations locales. Son engagement en tant que communicateur social témoigne de sa détermination à sensibiliser aux conséquences désastreuses de l’exploitation minière, mais aussi à la nécessité de repenser le modèle de développement qui prédomine aujourd’hui. La question qu’il soulève : « Pourquoi sommes-nous tout le temps une zone de sacrifice ? », illustre un profond sentiment d’injustice face à une situation complexe, voire presque désespérée…



Les récits de ces trois activistes mettent en évidence une réalité alarmante pour les peuples autochtones d’Amérique latine. L’exploitation minière, motivée par la demande mondiale croissante, non seulement menace leur environnement mais compromet également leur santé et leur survie culturelle. Ces voix, qui s’élèvent contre une injustice persistante, appellent à une prise de conscience globale et à une action immédiate pour protéger les droits des autochtones et garantir un avenir durable, où le respect de la vie humaine prime sur les intérêts économiques.



Jessica Baucher avec Reporterre


* Crédit photo en tête d’article : ©Pixabay


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