Du 5 avril au 17 juillet 2022, le musée du quai Branly à Paris met en lumière les chefferies du Cameroun à travers une exposition temporaire. Un voyage à la découverte du patrimoine culturel de ces chefferies mystérieuses.
Un patrimoine historique et vivant. À compter du 5 avril, le musée d’art civilisationnel du quai Branly à Paris met à l’honneur les chefferies du Cameroun dans une exposition unique. Un art teinté de mystères, issu des hauts plateaux du Grassland, une région située à l’Ouest du Cameroun, où vivent ces sociétés secrètes.
« Les chefferies sont des royaumes, au sens d’une communauté administrative, dirigés par des chefs, sur un territoire bien défini », explique Rachel Mariembe, commissaire associée à l’exposition. C’est un ensemble constitué de villages. Ces chefferies sont organisées en premier, deuxième ou troisième degré selon leur importance territoriale et historique.
Un projet mené en étroite collaboration avec les chefs
L’objectif est de mettre en avant les traditions de ces populations, en exposant plus de 270 œuvres prêtées temporairement par les chefs. Le projet est porté par le programme La Route des Chefferies, qui a pour but de permettre aux populations de se réapproprier leur histoire et leur patrimoine culturel, tout en développant le tissu économique et social du Cameroun.
L’exposition s’est aussi construite en coordination avec les chefferies. « Nous sommes allés sur le terrain à partir de 2019 pour collecter les œuvres, identifier ce qui pouvait faire partie de l’exposition », précise Rachel. « Il a fallu expliquer, et sensibiliser les chefs pour valider ce projet », ajoute-t-elle.
Car ce sont les chefs qui ont décidé de ce qui allait être exposé. Leur accord a été primordial. Comme le souligne Rachel : « Ils se sont souvent réunis pour donner ou non leur accord. Certaines œuvres ont été interdites de sortir du territoire camerounais ». Ainsi, vingt-quatre chefferies de l’Ouest camerounais ont contribué au projet.
Une culture pleine de symboles
Le parcours débute sur une grande arche, reproduisant les entrées traditionnelles des villages. Cette structure imposante a été fabriquée et sculptée par des artisans camerounais avant d’être transportée en France au musée. Une architecture symbolique, qui reflète la cosmogonie des peuples du Grassland.
Les œuvres exposées ne sont pas de simples objets décoratifs, mais de véritables biens culturels, selon Rachel. Ils ont un rôle prédéterminé, conditionné à un contexte précis. Ce sont des objets considérés comme vivants par les sociétés secrètes. Ils seront donc réutilisés d’après leur fonction originelle après l’exposition.
Parmi ces biens culturels, certains sont « chargés ». Cela signifie qu’ils ont des pouvoirs magiques… À l’instar du totem éléphant exposé au musée, qui sert à la chefferie Bafou pour des rites funéraires. Cet objet, les commissaires de l’exposition n’ont pu ni le toucher, ni s’en approcher. Car pour chaque œuvre, il y a une procédure bien précise à respecter. Certaines ont donc dû être « déchargées » lors d’une cérémonie traditionnelle pour pouvoir être vues par tout le monde sans problème.
« S’agissant du masque Kunga, j’ai dû prendre un antidote afin de pouvoir le toucher », témoigne Rachel. Ce masque, issu de la société Ku’ngang en pays bamiléké sur les hauts plateaux volcaniques, assure un rôle de justice et de paix selon les coutumes traditionnelles.
Les visiteurs ont jusqu’au 17 juillet pour voyager sur la route des chefferies, à la découverte de biens rares et singuliers. Pour les organisateurs de l’exposition, c’est aussi un moyen de promouvoir les cultures traditionnelles du Cameroun, et de renforcer les liens diplomatiques et culturels avec la France. À noter que le musée consacre d’autres expositions sur des thématiques liées aux peuples racines.
Antoine Portoles
Photo en tête d’article : Affiche promotionnelle de l’exposition « sur la route des chefferies du Cameroun » au musée du quai Branly à Paris, ©Musée du quai Branly – Jacques Chirac
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