La chaîne Netflix a lancé en 2021 La cité invisible, une mini-série fantastique brésilienne empreinte de folklore et de croyances occultes avec en toile de fond la déforestation de la forêt tropicale et la lutte des autochtones de la Mata Atlântica située aux portes de la ville de Rio. Le 22 mars prochain, la saison 2 qui sera diffusée sur la même plateforme nous plongera dans un sanctuaire naturel protégé par des peuples-racines près de Belém do Pará.
◆ Une fable écologique
Né à Rio de Janeiro, le réalisateur, scénariste et producteur brésilien Carlos Saldanha a connu un grand succès avec les films d’animation L’âge de glace et Rio. C’est en 2020 qu’il se lance dans la série fantastique La cité invisible, fable écologique dont le sujet n’a pas forcément dû plaire au gouvernement Bolsonaro. Éric, le héros, est un inspecteur de la Police de l’environnement qui lutte contre le la déforestation. Il vient de perdre sa femme dans un incendie de forêt alors qu’elle était très engagée auprès des peuples autochtones locaux. Découvrant que sa disparition est liée à un mystérieux incendie – encore un sujet politique sensible, les assassinats de militants écologistes au Brésil ! – mêlant notre monde au monde invisible des êtres mythiques, il tente de sauver sa fille Luna en même temps qu’il est plongé dans une enquête quasi-mystique. La corruption de la Police Carioca et les intérêts financiers des entreprises qui détruisent la forêt sont également très présents dans cette première saison.
◆ Revisiter les mythes
Le premier volet de cette épopée se présente comme une relecture des mythes ancestraux. On y retrouve une femme énigmatique chantant une chanson très connue au Brésil, qui parle de l’histoire de la Cuca, une vieille sorcière laide prenant la forme d’un crocodile qui ne dort qu’une fois tous les sept ans et enlève les enfants désobéissants. Appelée également Coca ou Coco, elle terrorise les enfants au Portugal, en Espagne et aussi dans certains pays d’Afrique et dans certaines tribus autochtones du Brésil. D’autres personnages folkloriques sont les protagonistes de cette fiction, comme le Curupira, créature de la forêt, protecteur des animaux et des arbres dont le nom Kuru’pir, signifiant « couvert d’ampoule », vient du langage des indiens Tupi-guarani. Il est la première figure légendaire découverte par les colons portugais au XVIe siècle. Les indiens d’Amazonie l’appellent le Maskilli, il court extrêmement vite malgré ses pieds à l’envers qui lui permettent de brouiller la piste des chasseurs. À Rio de Janeiro, il est le symbole officiel de la lutte contre le trafic des animaux sauvages et, à São Paulo, de la protection de la nature. Le premier épisode s’ouvre sur l’apparition du boto, dauphin rose qui, selon la légende, se transformerait en homme la nuit pour aller séduire les jeunes filles. Si l’une d’elle tombe enceinte, le garçon redeviendrait alors un dauphin et disparaîtrait dans la rivière. La jeune demoiselle n’est ainsi pas tenue responsable… Lorsqu’une femme met au monde un enfant de père inconnu, la coutume veut que son père soit le dauphin rose.
◆ Racines
Suite à quelques critiques concernant une mauvaise interprétation de certaines légendes amazoniennes dans la première saison, dans ce second opus, diffusé à partir du 22 mars prochain, le héros apparaitra cette fois dans un sanctuaire naturel protégé par les autochtones et convoité par les mineurs près de Belém do Pará. Il découvrira les raisons de sa présence et également la « mission » de sa fille destinée à maintenir l’équilibre entre la nature et les entités qui y vivent. La bande-annonce en langue tukano annonce de nouveaux épisodes montrant la partie indigène du nord du Brésil et de nouvelles figures folkloriques telles que la Mula-sem-cabeça, mule sans-tête; l’Anhanga, cerf blanc aux yeux rouges, grand protecteur de la nature; le Boitata, serpent de feu; mais aussi des personnages de légendes urbaines tels que Papa-Figo , Blonde do Banheiro , Dama do Taxi , Boca de Ouro et Bicho Papão…
« ..chaque fois que l’on raconte un conte de fée, la nuit s’installe. Quels que soient le lieu, l’heure, la saison, la narration d’un conte fait toujours se déployer au dessus de ceux qui l’écoutent un ciel constellé d’étoiles où vient luire une lune blanche. Quand l’histoire tire à sa fin, la pièce est parfois emplie des lueurs de l’aube, à moins qu’il n’y demeure un éclat d’étoile ou une effilochée de nuages issue d’un ciel d’orage. Et ce qui est ainsi laissé derrière, c’est le don qui va être utilisé, le don qui va servir à faire de l’âme »,
Clarissa Pinkola Estès, ext. Femmes qui courent avec les loups
Jessica Baucher
+ Crédit photo en tête d’article : La cité invisible©Netflix
Pour aller plus loin :
– bande annonce de la saison 2
– Macunaima : le héros sans caractère de Mário de Andrade
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