Du 7 février au 19 novembre 2023, le musée du Quai Branly -Jacques Chirac, offre dans son exposition-hommage « Senghor et les arts, réinventer l’universel » un portrait de Léopold Sédar Senghor, à la fois écrivain engagé, poète, penseur de la négritude et homme d’État sénégalais, à travers sa politique de défense des arts africains. Cette petite exposition très dense en textes, extraits vidéo, photographies et affiches reprend le chant de la parole incantatoire, si chère à Léopold, fondée sur l’espoir d’une civilisation de l’Universel.
◆ Le rendez-vous du donner et du recevoir
Léopold Sédar Senghor a toujours défendu l’idée d’une civilisation de l’Universel notamment en tant que pionnier du mouvement politique et littéraire de la Négritude, initié avec Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Suzanne Césaire, Jane et Paulette Nardal, Guy Tirolien, Birago Diop et René Depestre : « Ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour; ma négritude n’est pas une taie d’eau morte ruée contre la clameur du jour; ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’oeil mort de la terre; ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale; elle plonge dans la chair rouge du sol; elle plonge dans la chair ardente du ciel; elle troue l’accablement opaque de sa droite patience ». Il a ainsi manifesté l’espoir d’un métissage culturel possible dans le but de parvenir à une union des traditions qui engagerait un « dialogue des cultures« . Des intellectuels français l’accompagneront, comme Jean-Paul Sartre pour qui la négritude est « la négation de la négation de l’homme noir« . Le concept de négritude dénonce le colonialisme et la domination occidentale.
◆ Désoccidentaliser la notion d’universel
Dans l’exposition « Senghor et les arts, réinventer l’universel », le parcours de Léopold est représenté par une série de ses textes accompagnés de tableaux et de calligraphies, d’objets d’art et d’emblématiques photos, de planches explicatives, de vidéos et de lectures sonores de lui-même. Reprenant à la fois sa biographie personnelle mais également son programme de diplomatie culturelle instaurée à la suite de l’indépendance de son pays en août 1960, l’exposition se divise en six chapitres mais se concentre essentiellement sur son action culturelle nationale et internationale. Senghor fut effectivement l’instigateur d’une politique culturelle inédite dans les pays africains nouvellement indépendants. Lorsqu’il était président, plus d’un quart du budget de l’État sénégalais était alloué à l’éducation et à la culture. C’est à cette époque que des institutions ont été mises en place afin de dynamiser la création, ce fut le cas de l’École des arts de Dakar et du Théâtre national : « Le président du Sénégal a mis en place une politique culturelle très volontariste. Il a créé un ballet national, un théâtre national, la troupe Daniel Sorano et une manufacture nationale de tapisserie. Il n’a pas hésité à faire des artistes des fonctionnaires. Une politique parfois critiquée et qui mènera à des dissidences de certains artistes sénégalais », décrit Sarah Frioux-Salgas, l‘une des commissaires de l’exposition.
Musée du quai Branly – Jacques Chirac / Galerie Marc Ladreit de Lacharrière : 37, quai Branly 75007 Paris – Mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 10h30 à 19h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h.
« Le poème n’est accompli que s’il se fait chant, parole et musique en même temps », Léopold Sédar Senghor
Jessica Baucher
* Crédit photo en tête d’article : ©musée du quai Branly – Jacques Chirac
* Pour aller plus loin :
– Portrait de Léopold Sédar Senghor -TV5 MONDE
_ Émission Radioscopie de Jacques Chancel avec Léopold Sédar Senghor
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