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Zitkala-Šá : plume rouge de la résistance amérindienne

Zitkala-Šá : « Oiseau rouge », née en 1876 sur la réserve de Yankton dans le Dakota du Sud, est une figure emblématique de la littérature et de l’activisme amérindien. Écrivaine, musicienne et militante infatigable, elle a utilisé ses talents littéraires pour défendre la culture et les droits des peuples autochtones. Ses écrits sont des témoignages puissants de la lutte pour l’identité et la justice sociale. Son parcours, marqué par des expériences poignantes et un engagement indéfectible pour la préservation et la reconnaissance de la culture amérindienne, a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire des États-Unis. La maison d’édition indépendante et militante Les Prouesses offre aujourd’hui la chance de les découvrir en publiant plusieurs de ses écrits traduits.

 Premières années
Zitkala-Šá, aussi connue sous le nom que des missionnaires lui ont donné, Gertrude Simmons Bonnin, a vu le jour sur la réserve indienne de Yankton, dans le Dakota du Sud. Sa mère, Ellen Simmons, était une femme autochtone profondément enracinée dans les traditions et les coutumes de leur peuple. Son père, qui était blanc, a quitté la famille quand elle était jeune, laissant sa mère élever seule ses enfants. Son enfance a été marquée par une éducation riche en traditions et en récits oraux. Elle passait ses journées à écouter les histoires de sa mère et des anciens de la communauté, à apprendre les chants et les coutumes de son peuple, et à explorer les vastes prairies qui l’entouraient. Malheureusement, à l’âge de 7 ans, elle a été retirée à sa famille par des missionnaires et envoyée dans un pensionnat pour Indiens à Wabash, dans l’Indiana. Ce pensionnat administré par des quakers visait à assimiler les enfants amérindiens à la culture blanche en leur interdisant de parler leur langue maternelle et en leur imposant des pratiques culturelles européennes. Cette expérience traumatisante a profondément marqué Zitkala-Šá et a renforcé son désir de préserver la culture et les traditions de son peuple.




Zitkála-Šá photographiée par Gertrude Käsebier – Domaine public.


 Éveil
Malgré les difficultés, Zitkala-Šá a développé très tôt un talent exceptionnel pour les études et notamment la musique. Après avoir quitté le pensionnat, elle a poursuivi ses études au Earlham College en Indiana, où elle a excellé en jouant du violon avec virtuosité. Ses expériences dans les institutions éducatives américaines ont renforcé sa détermination à écrire et à parler pour son peuple. En 1900, elle a commencé à publier une série d’articles autobiographiques dans l’Atlantic Monthly, où elle a raconté ses expériences dans les pensionnats et critiqué les politiques d’assimilation. Ses textes, tels que Impressions of an Indian Childhood : une combinaison de souvenirs personnels et d’observations culturelles, présentant une vision authentique de la vie et des traditions dakota. et The School Days of an Indian Girl dans lequel elle met en lumière les défis et les souffrances auxquels sont confrontés les enfants autochtones dans les institutions éducatives destinées à les assimiler à la culture blanche, offrent un aperçu poignant de la vie des enfants autochtones arrachés à leurs familles et soumis à des tentatives systématiques d’effacement culturel.




Zitkála-Šá photographiée par Gertrude Käsebier – Domaine public.

 

Faire danser les plumes…
Zitkala-Šá a été une militante infatigable pour les droits des Amérindiens. En 1926, elle a cofondé la National Council of American Indians, une organisation dédiée à la défense des droits des autochtones et à la préservation de leur culture. Son travail a contribué à sensibiliser le public aux injustices subies par les peuples autochtones et à promouvoir des réformes politiques. Elle a également plaidé pour la reconnaissance de la spiritualité autochtone et contre les missions chrétiennes qui cherchaient à convertir et à assimiler les Amérindiens. Ses essais, tels que Why I Am a Pagan : une réponse éloquente et personnelle aux pressions exercées sur les Amérindiens pour qu’ils abandonnent leurs croyances spirituelles traditionnelles au profit du christianisme et The Great Spirit qui explore des thèmes analogues et continue son plaidoyer pour la reconnaissance et le respect des croyances spirituelles amérindiennes, sont des manifestes éloquents pour la liberté religieuse et culturelle des peuples autochtones.



C’est en 2022 que Flora Boffy-Prache et Zoé Monti-Makouvia écoutent l’émission Toute une vie consacré à Zitkala-Šá, diffusée sur France Culture et décident de traduire ses récits écrits entre 1900 et 1902. Ce recueil forme la première autobiographie d’une femme autochtone d’Amérique du Nord qui met en avant avec passion et poésie l’importance et la richesse de la culture amérindienne.



Jessica Baucher

*Pour aller plus loin :

– Le podcast de France Culture qui a donné envie aux éditrices de la maison Les Prouesses de traduire plusieurs livres de Zitkala-Šá
L’Oiseau rouge – Mémoires d’une femme dakota – LA PREMIÈRE AUTOBIOGRAPHIE D’UNE FEMME DAKOTA QUI RÉSONNE COMME UN CRI DE FIERTÉ ET DE RÉVOLTE, en librairie depuis le 7 juin 2024


Photo en tête d’article : © Pixabay

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