Le Skábmagovat Indigenous Film Festival se déroulera du 23 au 26 janvier 2025 à Inari, en Finlande, offrant une plateforme unique pour les voix autochtones à travers le cinéma. Parmi les 75 films de la programmation éclectique de cette édition, deux courts-métrages documentaires captivent par leur exploration des réalités des peuples des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut (Canada). Ces films plongent dans les enjeux contemporains de ces communautés, tout en offrant un regard authentique sur leur culture, leurs défis et leurs luttes pour préserver leur identité face aux transformations du monde moderne.
◆ Reflet de lumière polaire
Le Skábmagovat Indigenous Film Festival, créé en 1999, est un rendez-vous incontournable pour la promotion des cultures autochtones à travers le monde. Organisé chaque année à Inari, à 320 kilomètres au nord du cercle polaire arctique, ce festival met à l’honneur les œuvres cinématographiques réalisées par ou sur les peuples indigènes, avec une attention particulière portée aux communautés sámies, les autochtones de la région arctique. Son nom, qui signifie « Reflets de la lumière polaire » en langue sámie, reflète l’importance de la nature et de la lumière dans l’identité culturelle de ces populations vivant dans des environnements extrêmes. Ce festival unique en son genre propose des projections en salle ainsi qu’en extérieur, sur un écran de neige, dans un cadre immersif où les spectateurs peuvent découvrir des récits vibrants mêlant traditions, luttes et aspirations contemporaines, offrant une fenêtre unique sur les réalités et les visions du monde des peuples autochtones. Le festival attire des cinéastes et des spectateurs du monde entier, soulignant son importance culturelle et artistique croissante. Chaque édition présente des avant-premières, des conférences, et des discussions autour des problématiques indigènes.
◆ Un programme riche
Du 23 au 26 janvier 2025 se déroulera la nouvelle édition du festival, mêlant projections de films, documentaires et ateliers. Différentes tables rondes auront également lieu et l’une d’entre elle se penchera sur les opportunités de collaboration transnationale dans les domaines des coproductions médiatiques et de l’éducation autochtone dans l’Arctique. Des experts de Téléfilm Canada, de l’université York, de l’Institut international du film sami et de l’université de Laponie échangeront sur les moyens par lesquels les partenariats entre les communautés autochtones et les acteurs internationaux peuvent amplifier les voix autochtones, préserver les savoirs ancestraux et créer des opportunités d’éducation et de développement durable.
Des films d’animation seront également présentés, notamment Tule de Jocelyn Garcia qui raconte comment les pensées profondes d’une jeune fille Pomo, en Californie, résonnent avec les valeurs et les préoccupations de sa communauté. Tandis qu’elle s’émerveille devant la beauté de la nature qui l’entoure, un sentiment de crainte s’empare d’elle lorsqu’elle constate les ravages causés par la pollution contemporaine, menaçant les pratiques et les traditions culturelles chères à son peuple.
◆ Œuvres engagées pour l’écologie
Le court-métrage Les tambours se feront entendre, réalisé par Carmen Kuptana et Eriel Lugt, deux artistes originaires de Tuktoyaktuk, met en lumière les effets dramatiques de l’érosion côtière, un problème exacerbé par le réchauffement climatique. Ce phénomène oblige les Inuvialuit à se déplacer vers l’intérieur des terres, menaçant leur mode de vie traditionnel. À travers les voix des jeunes membres de la communauté, le film explore comment leur lien profond avec la terre et leur culture leur permet de faire face à ce bouleversement, de guérir et de nourrir l’espoir d’un avenir plus serein.
Le documentaire canadien, Les leçons de notre grand-père, réalisé par Jennifer Kilabuk et sa sœur Ashley Qilavaq-Savard d’Iqaluit, explore les enseignements culturels transmis par leur grand-père et la manière dont ces savoirs ancestraux sont confrontés aux défis du changement climatique. À travers un mélange de mémoire familiale et de réalités contemporaines, le film nous invite à réfléchir sur l’importance de la transmission des connaissances pour préserver l’identité culturelle face aux menaces environnementales. Dans ce documentaire, des images d’archives se mêlent à des prises de vues récentes réalisées durant l’été 2024 au Nunavut. Cette juxtaposition permet aux réalisatrices de questionner l’impact de la colonisation sur leur relation avec le territoire et d’explorer comment la préservation du savoir autochtone ancestral peut devenir une source de résilience face aux menaces liées au changement climatique. Dans une interview, Jennifer Kilabuk partage : « Les leçons que notre grand-père nous a apprises, à ma sœur et à moi, c’est que nous devons porter notre culture avec nous, même lorsque les choses changent. Pour pouvoir y faire face de manière plus réactive, plus saine et plus adaptative, il nous faut emporter notre culture, l’utiliser et réparer cette relation avec la terre qui a été perturbée par la colonisation ». Ce témoignage met en lumière la manière dont le retour aux racines et la réappropriation des savoirs ancestraux peuvent être essentiels pour surmonter les défis contemporains.
« Le plus grand cadeau que nous puissions offrir à nos enfants est de leur raconter nos histoires », Thomas King (écrivain et poète autochtone canadien)
Jessica Baucher avec Médias ténois
Photo en tête d’article : https://skabmagovat.fi/en/
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