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Vue aérienne de la forêt amazonienne, de jour, près de Manaus, capitale de l'Etat brésilien d'amazonas

Protéger les terres autochtones, clé de voûte du changement climatique

Un rapport préconise à la communauté internationale de protéger les peuples autochtones ainsi que leurs terres pour faire face au changement climatique, et pour respecter l’objectif de l’Accord de Paris de limiter l’augmentation de la température de la planète à 1,5 degrés Celsius.

Les peuples racines sont précieux. Dans une étude rendue publique le 31 mars, l’organisme de recherche WRI (World Ressources Institute) et le groupe de réflexion Climate Focus estiment que les populations autochtones seraient essentielles pour permettre aux États de respecter leurs engagements sur le climat. Ces objectifs, fixés par l’accord de Paris de 2015 à l’issue de la COP21, se bornent à limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius. Un défi majeur.

Dans ce rapport, les deux organisations se focalisent sur l’Amérique du Sud. Elles alertent sur le fait que le Brésil, le Pérou, la Colombie et le Mexique ne réussiront pas à atteindre leurs objectifs liés au changement climatique en 2030 s’ils ne protègent pas les terres des communautés autochtones. En effet, les trois premiers pays se partagent, avec d’autres États, la forêt amazonienne. Surnommée le « poumon vert de la planète », l’Amazonie s’étend sur environ 5,5 millions de km², ce qui en fait la plus grande forêt primaire de la planète. Un joyau à préserver, d’autant qu’elle est peuplée par de nombreuses tribus amérindiennes.

Les forêts autochtones, sanctuaires de la biodiversité

Pourquoi le rapport se circonscrit à ces Etats ? Dans ces pays, les terres peuplées par les autochtones captureraient deux fois plus de carbone que des terres non-autochtones. Plus précisément, l’étude démontre que 80 % des terres forestières autochtones de ces pays sont des puits de carbone. C’est-à-dire qu’elles stockent plus de dioxyde de carbone qu’elles n’en émettent. En effet, ces terres séquestrent environ 30 mg de CO2 par hectare.

De plus, ces terres représenteraient plus de 28 % du carbone stocké dans les forêts au niveau mondial. Ces chiffres s’expliquent par le fait qu’il s’agit de forêts primaires, mais surtout par la préservation de ces forêts par les peuples natifs, gardiens la biodiversité. Ils ont aussi une expertise fiable face au changement climatique selon l’ONU.

De ces considérations, les chercheurs en déduisent que si les États précités ainsi que l’ensemble de la communauté internationale ne prennent pas de mesures pour protéger ces terres, et donc faire face au changement climatique, « il faudrait mener des actions drastiques, pratiquement impossibles dans d’autres secteurs ». Autrement dit, des secteurs économiques essentiels devraient être complètement réformés afin d’atteindre les objectifs de réduction des émissions.

Par exemple, le Pérou « devrait retirer toute sa flotte de véhicules pour compenser la perte de seulement la moitié des services de séquestration du carbone fournis par les forêts qui sont entre les mains des peuples autochtones et des communautés locales » affirme Darragh Conway, juriste pour Climate Focus. S’agissant du Brésil et de la Colombie, ils devraient supprimer 80 % de leur parc automobile pour compenser. Mais encore 35 % de suppression pour le Mexique. Des chiffres objectivement inatteignables en l’état actuel des choses.

Un constat et des pistes de réflexion

Suite au constat posé par les chercheurs du WRI et de Climate focus, il est demandé aux gouvernements de ces quatre pays d’accélérer la délivrance des titres de propriété à destination des autochtones. Et qu’ils puissent jouir de leurs terres en toute sécurité. Les États doivent aussi veiller au respect du droit au consentement libre, préalable et éclairé alloué à ces populations en vertu du droit international.

Malgré cet appel, les pays concernés ne semblent pourtant pas aller dans la bonne direction. C’est notamment le cas du Brésil, qui continue de mener des projets de déforestation en Amazonie, ce en dépit de la biodiversité et des peuples amérindiens vivant dans la forêt. En témoigne la plainte déposée en 2021 devant la Cour Pénale internationale par le cacique Raoni Metuktire contre le président brésilien Jair Bolsonaro pour crimes contre l’humanité. Face à l’élevage intensif et à l’exploitation minière et forestière, souvent illégale, la préservation de ces terres est une urgente nécessité.

Antoine Portoles

Photo en tête d’article : Vue aérienne de la forêt Amazonienne, près de Manaus, capitale de l’Etat brésilien d’Amazonas, Neil Palmer CC BY-SA

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