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Au Mexique le Combat des Wixarika pour l’Eau Sacrée continue…

Au cœur des combats des communautés indigènes pour préserver leur environnement, le chef spirituel Margarito Diaz a été assassiné en 2018. Pourtant, la lutte pour protéger ces territoires menacés par l’activité économique se poursuit.



◆ Le sage de tout un peuple
Margarito Diaz, connu sous le nom de Margarito Díaz González, était un chef spirituel et marakamé respecté au sein de la communauté indigène wixarika (huichol). Il luttait contre l’exploitation du site archéologique de Wirikuta, l’un des plus importants territoires sacrés et un site archéologique considéré depuis 1994 comme « zone naturelle protégée » pour sa richesse et sa biodiversité. L’ isolement leur a permis de préserver leurs traditions et croyances héritées des Aztèques Reconnu dès son enfance comme chamane, Margarito avait été désigné par les anciens pour sanctuariser les territoires menacés par l’activité économique ce qui lui a valu de nombreux ennemis, mais il ne se doutait pas que cela lui coûterait la vie. Son meurtre s’ajoute ainsi à une liste tragique de 1 733 défenseurs de l’environnement assassinés au cours de la dernière décennie (selon un rapport de l’ONG Global Witness publié le 29 septembre 2022), principalement en Amérique latine, où la lutte pour le partage de l’eau et des ressources naturelles fait rage. Quatre ans après sa disparition, sa veuve Modesta Chavez de la Rosa continue de faire face à des menaces constantes. Malgré les intimidations, elle refuse de céder au chantage.



©Pixabay



 Le combat pour l’eau 
Le peuple wixarika, composé d’environ cinquante-mille membres, habite dans la Sierra Madre occidentale, une chaîne de montagnes de mille deux cent cinquante kilomètres. C’est l’une des communautés indigènes les mieux préservées du Mexique et qui a réussi à préserver ses traditions et ses croyances ancestrales. Pour les Wixarika, l’eau est un don sacré des dieux, et leur cosmogonie est liée à la préservation de leur territoire considéré comme inviolable. La lutte de Margarito Diaz visait notamment à protéger le territoire semi-désertique de Wirikuta menacé par le tourisme et l’exploitation minière et agricole. En 2013, il avait réussi à éviter la construction d’un complexe hôtelier sur une île voisine et s’opposait aux projets d’investissements hôteliers dans la région. En plus de la protection des territoires, il luttait contre les concessions minières accordées aux entreprises, dont la multinationale canadienne First Majestic Silver Corp, qui exploitait trente-cinq concessions, dont vingt-deux se savaient dans la zone sacrée de Wirikuta. Les Wixarika multipliaient les actions contre ces exploitations voraces en eau et destructrices pour l’écosystème. Margarito rêvait plus grand : il souhaitait sanctuariser le territoire sacré, prévoyant définitivement toute entreprise de s’installer, sous peine de sanctions. Bien que ce territoire ait été inscrit sur la liste des sites naturels sacrés de l’Unesco en 1988, cela ne l’a pas protégé des menaces continues d’implantation d’entreprises. Et malgré les promesses du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador de mettre en place un plan de justice pour la protection des cinq sites sacrés des Wixarika, les communautés locales restent méfiantes quant à la réelle mise en œuvre de ces mesures…



En attendant, les Wixarika conduisent leurs rituels et cérémonies, conscients que leur survie est liée à la préservation de leur eau sacrée. Leur espoir réside dans une sanctuarisation effective de leur territoire, qui les préservera de la sécheresse grandissante et de la destruction provoquée par les activités humaines. La lutte continue, portée par les souvenirs et l’héritage du chaman Margarito Diaz.



« A l’échelle cosmique, l’eau est plus rare que l’or », Hubert Reeves




Jessica Baucher


+ Crédit photo en-tête d’article : ©Pixabay


Pour aller plus loin :
– Découvrir le film de Hernan Vilchez : Huicholes – les derniers gardiens du peyote : à louer sur Vimeo

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