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Les chercheuses autochtones à l’honneur : La FAO et l’université Thompson Rivers au service des savoirs ancestraux



Dans un contexte où la préservation des savoirs ancestraux et de la biodiversité est plus que jamais cruciale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Université Thompson Rivers se démarquent. Ces deux institutions travaillent de concert pour valoriser les contributions des femmes autochtones, leur permettant de participer activement aux prises de décisions et à la recherche sur les systèmes alimentaires et de connaissances traditionnelles.


Gardiennes du savoir et de la biodiversité
Les femmes autochtones jouent un rôle fondamental dans leurs communautés en tant que gardiennes du savoir traditionnel, leaders et militantes. Elles transmettent les langues, les pratiques culturelles et les connaissances environnementales essentielles à la préservation de leurs peuples. Cependant, elles font face à de nombreuses injustices, notamment des taux élevés de violence et de disparitions, des discriminations systémiques et des menaces liées à l’exploitation des ressources naturelles sur leurs terres. Malgré ces défis, elles sont en première ligne des luttes pour les droits autochtones et la protection de l’environnement. Aujourd’hui, les femmes autochtones continuent de se battre pour la justice, l’égalité et la reconnaissance de leurs droits, tout en préservant et en revitalisant leur culture pour les générations futures.
Ancrées dans la terre de leurs ancêtres, elles sont bien plus que des « fournisseuses d’aliments » ou des détentrices de semences. Elles incarnent un véritable réservoir de savoirs en matière d’agroécologie, de médecine traditionnelle et de gestion durable des ressources. Leur rôle est fondamental pour la transmission des pratiques ancestrales, assurant ainsi la pérennité de cultures et de langues uniques.


Des rôles multiples et essentiels
Les femmes autochtones occupent des rôles multiples et essentiels au sein de leurs communautés. En tant qu’éducatrices, elles transmettent les savoirs ancestraux, notamment les pratiques agricoles, médicinales et culturelles perpétuées depuis des millénaires. Présentes dans plus de 90 pays, elles jouent un rôle clé dans la domestication des espèces et la transformation des aliments, contribuant ainsi de manière indispensable à la sécurité alimentaire mondiale. Grâce à leur connaissance approfondie des écosystèmes locaux, elles participent activement à la protection de l’environnement en défendant leurs territoires ancestraux contre des projets de développement non respectés.





©Pixabay


Les défis
Malgré leur apport inestimable, les femmes autochtones restent souvent en marge des espaces de décision. Le manque de données statistiques précises sur leur situation renforce leur invisibilité dans les sphères politiques et économiques. Elles subissent également des discriminations et des inégalités qui restreignent leur accès aux ressources et à la reconnaissance de leurs droits. De plus, elles sont fréquemment exclues des processus de négociation, notamment lors de décisions liées à l’aménagement du territoire ou à l’implantation de projets.



Initiatives novatrices
Face à ces défis, des partenariats stratégiques voient le jour pour mettre en lumière la richesse des savoirs autochtones et renforcer la participation des femmes dans les processus décisionnels. La FAO collabore avec des organisations de femmes autochtones et des universités afin de combler le manque de données et d’assurer leur intégration dans les prises de décisions, aussi bien à l’échelle locale que mondiale. En partenariat avec la FAO, l’Université Thompson Rivers a mis en place le programme Knowledge Makers qui soutient la recherche menée par des femmes autochtones. Grâce à cette initiative, vingt-et-une chercheuses issues de seize pays peuvent publier et diffuser leurs travaux sur des enjeux cruciaux comme la sécurité alimentaire, l’action climatique et la conservation des ressources.


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Témoignages et pratiques inspirantes

Des initiatives locales témoignent de la richesse des savoirs autochtones et de leur pertinence pour les politiques de développement durable. Au Mexique, Rosa Marina Flores Cruz, issue du peuple afro-binniza d’Oaxaca, alerte sur l’impact négatif des parcs éoliens sur sa communauté et plaide pour l’inclusion des femmes dans les négociations avec les entreprises énergétiques. En Russie, Mariiam Tambieva, du peuple karatchaï-balkar, a mis en avant les modes de vie traditionnels « zéro déchet », où chaque partie de l’animal est utilisée, offrant ainsi un modèle durable applicable aujourd’hui. Aux États-Unis, Melanie M. Kirby, spécialiste des pollinisateurs, défend la « réautochtonisation », un retour aux pratiques ancestrales permettant d’améliorer la gestion des terres et de préserver la biodiversité.




Vers une transformation globale
L’intégration des femmes autochtones dans les processus décisionnels ne relève pas seulement de la justice sociale, elle constitue également une opportunité unique de repenser nos modèles de développement. En combinant la science formelle et les savoirs traditionnels, la collaboration entre la FAO, l’Université Thompson Rivers et les communautés autochtones ouvre la voie à des solutions innovantes pour relever les défis mondiaux, tels que la perte de biodiversité et l’insécurité alimentaire.



Dans son documentaire Solutions globales pour un désordre local (2010), Coline Serreau mettait en lumière le rôle crucial des femmes autochtones dans l’agriculture durable. Elles montrait déjà à quel point celles-ci détiennent des savoirs ancestraux sur les semences et les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, et jouent un rôle clé dans la préservation de la biodiversité. Le film plaidait pour la reconnaissance de leur expertise et l’intégration de leurs connaissances dans les systèmes agricoles mondiaux pour relever les défis environnementaux. Espérons que les initiatives récentes de la FAO et de l’Université Thompson Rivers aillent dans ce sens…



Jessica Baucher


* Crédit photo en tête d’article : ©Pixabay

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