Du 1er mars au 15 avril dernier, des leaders autochtones venus des cinq continents ont entrepris un voyage de 46 jours autour du monde. Cette tournée spirituelle et militante s’est achevée dans la région d’O’Higgins au Chili, par une grande cérémonie empreinte de chants, de danses et de rituels ancestraux. Ensemble, ils ont porté un message puissant : rétablir l’harmonie entre l’humanité et la Terre.
◆ Voyage sacré
C’est dans la région d’O’Higgins, au cœur du Chili, qu’a pris fin un périple exceptionnel : pendant plus d’un mois, des représentants de peuples autochtones du monde entier ont sillonné la planète pour porter la voix de leurs ancêtres et celle de la nature. Pour clore cette tournée, les leaders des peuples Khalkha (Mongolie), Noke Koi (Brésil), Kallawaya (Bolivie) et bien d’autres ont dansé, chanté et prié autour d’un feu sacré, dans une atmosphère empreinte de recueillement.
Les plumes arborées lors de la cérémonie symbolisaient les cinq continents, une première dans l’histoire de ces rassemblements spirituels. « Aujourd’hui, pour la première fois, nous avons les cinq continents », a déclaré avec émotion Heriberto Villasenor, directeur de l’ONG Raíces de la Tierra, dédiée à la préservation des cultures indigènes.
◆ Un message d’unité et de réveil écologique
Au-delà du symbolisme, ce voyage marque un appel urgent à réconcilier l’humain avec la nature. Rutendo Ngara, représentante sud-africaine du groupe Oba Umbuntu, a rappelé la gravité de la situation : « Nous faisons partie de la nature. Nous ne sommes pas séparés d’elle. Nous sommes à un moment critique où tant de destructions ont eu lieu, en grande partie du fait de l’homme ».
Ce message d’unité, à la fois spirituel et politique, s’est exprimé dans une cérémonie inspirée des traditions du peuple Anasazi, dans un espace rituel appelé kiva. Cette structure circulaire, semi-souterraine, est typique des Pueblos du sud-ouest des États-Unis. Elle symbolise la connexion entre le monde souterrain, le monde des vivants et le ciel…une parfaite métaphore de la vocation de ce rassemblement : relier les mondes, les peuples, les mémoires.

◆ Une tournée planétaire entre spiritualité et militantisme
Le voyage avait débuté en Italie, avant de passer par l’Inde, l’Australie, le Zimbabwe, et enfin le Chili. Il ne s’agissait pas d’un simple tour culturel mais d’un acte collectif de transmission, de partage et d’alerte. Partout, les communautés autochtones ont exprimé leurs préoccupations face aux menaces environnementales croissantes.
Tsegi Batmunkh, représentant des Khalkha de Mongolie, a dénoncé l’exploitation de l’uranium sur ses terres : « Malheureusement, ils essaient d’extraire de l’uranium en Mongolie. C’est un élément important qui est censé rester sous terre. » Une critique adressée notamment à l’accord signé en janvier 2025 entre la Mongolie et le groupe nucléaire français Orano.
◆ Amazonie en danger
Yama Nomanawa, dirigeante du peuple brésilien Noke Koi, a pris la parole pour alerter sur l’état de l’Amazonie, l’un des écosystèmes les plus menacés de la planète. Selon une étude parue en 2024 dans la revue Nature, entre 10 et 47 % de cette région pourrait être gravement dégradée d’ici 2050.
« La Terre crie très fort, mais personne ne l’écoute. La jungle crie, elle n’est pas respectée par les humains. Protégeons la vie, sauvons la vie ici sur la planète », a-t-elle précisé avec force.

◆ Une invitation à écouter
Au terme de cette cérémonie pleine d’émotions, les leaders autochtones ont échangé des embrassades et un dernier message collectif : l’heure n’est plus au silence. Les peuples autochtones, trop souvent marginalisés, rappellent qu’ils sont les gardiens de savoirs essentiels pour l’avenir commun.
Ce tour du monde des peuples racines n’était pas un évènement culturel mais il s’agissait d’un appel à réconcilier l’humanité avec la nature, à écouter les « sages autochtones » qui, depuis des millénaires, vivent en harmonie avec les écosystèmes que la société moderne met en péril. Un cri du cœur, un chant de résistance, une danse pour les pratiques ancestrales permettant d’améliorer la gestion des terres et de préserver la biodiversité.e préserver la biodiversité.
Alors que nous recherchons sans cesse des réponses face aux crises climatiques, sociales et spirituelles, les peuples autochtones rappellent, avec humilité et assurance, que la sagesse ancestrale détient des clés essentielles. Leur voyage autour du monde était un appel à avancer autrement : en renouant avec les cycles naturels, en respectant le vivant et en reconstruisant des liens entre les humains et leur environnement.
« Être indigène, ce n’est pas vivre dans le passé. C’est marcher avec les anciens dans un monde moderne », Tanya Tagaq
Jessica Baucher
* Crédit photo en tête d’article : ©Pixabay
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